
Qu’est-ce que le syndrome de l’imposteur ?
Le syndrome de l’imposteur a beau ne pas être une maladie, ni même une pathologie clinique reconnue : elle n’en demeure pas moins courante chez beaucoup de personnes. Le terme « syndrome » n’est d’ailleurs sans doute pas pertinent, puisqu’il ramène à une pathologie.
Ce terme a été crée suite à des expériences menées sur des femmes, à la fin des années 70 par les psychologues cliniques Pauline Rose Clance et Suzanne A. Imes. Visiblement ce « syndrome » concernerait 60 à 70 % des personnes, ce qui est tout même considérable.
Même s’il n’y a pas d’études chiffrées en ce sens, il y a plusieurs raisons qui tendent à prouver que les hypersensibles sont davantage concernés par ce souci. On en parle un peu plus en détail dans le chapitre suivant.
Mais dans tous les cas on peut dire qu’il pose souci, parce que très souvent il conduit à s’auto-saboter.
Les personnes qui ont ce syndrome de l’imposteur, ont tendance à rejeter le mérite lié à leur travail et attribuent le succès de leurs entreprises à des éléments qui leur sont extérieurs (la chance, leurs relations, des circonstances particulières). Bref elles sont plus ou ou moins systématique, incapables de reconnaitre leur valeur et leurs réussites.
Pour être franc c’est souvent mon premier réflexe, et je pense que l’on est nombreux à avoir cette humilité excessive.
Cela va même souvent plus loin, puisque la personne est persuadée de duper les autres, d’être une espèce d’imposteur qui abuse de la confiance des autres (amis, collègues, supérieurs hiérarchiques). Bien-entendu comme on est persuadé d’être un imposteur, on pense que tôt ou tard nous serons démasqué.
Là ça va tout de même très loin, puisqu’on se persuade de ne pas avoir les compétences nécessaires et que les autres finiront par s’en rendre compte. C’est donc la perception que l’on a de nous-même qui pose souci.
Il faut dire aussi que le monde du travail met en concurrence les personnes pour l’atteinte d’objectifs de performance, c’est donc assez logiquement que l’on peut se sentir mal si jamais on rencontre des difficultés. Le fait également de ne pas obtenir de reconnaissance pour son travail, ce qui est tout de même assez courant, peut venir encore davantage renforcer cette impression d’être une imposture.
Mais l’inverse est vrai, et certaines personnes pensent être des imposteurs, parce qu’ils ne rencontrent aucune difficulté sur le plan professionnel. C’est sans doute parce qu’ils ont l’expertise suffisante, qu’ils trouvent que ce qu’ils font est bien trop simple et évident pour mériter une quelconque attention particulière.
Dans ce cas ils pensent ne pas mériter un quelconque compliment, ni même des récompenses financières ; alors même qu’ils ont les compétences et l’expertise qui leur permettraient d’en bénéficier.
On voit assez bien à quel point cela peut bloquer ces personnes, notamment pour qu’elles puissent parvenir à développer leur plein potentiel. Parce que lorsqu’on est convaincu que notre réputation est usurpée, et qu’on pense que l’on sera démasqué ; c’est bien que l’on a une faible estime de soi et de ce que l’on réalise.
Beaucoup d’hypersensibles pensent être des imposteurs
En tant qu’hypersensible, on se sent différent de la norme et même en décalage par rapport à celle-ci. C’est parce qu’on vit des émotions intenses, que certains de nos sens sont exacerbés que l’on se sentira davantage fatigué que les autres.
Et lorsqu’on n’a pas encore réellement appréhendé son hypersensibilité, on a vite fait de se sentir moins bien que les autres. Or en tant qu’hypersensible, c’est toujours une mauvaise idée de vouloir se comparer aux autres.
C’est en tout cas lorsqu’on a une faible estime de soi, que l’on a du mal à accorder de la valeur à nos succès.
Et c’est sans doute encore davantage vrai, pour les personnes dites introverties. Puisque logiquement elles fondent leur opinion sur elles-même et ce qu’elles ressentent.
Une bonne partie des personnes hypersensibles sont plutôt humbles et ont aussi simplement conscience de ne pas tout savoir. Parce que lorsqu’on commence à s’intéresser à un sujet et à en apprendre dessus, on prend également conscience de tout ce qu’on ne connait pas.
Sauf qu’en réalité, il y aura toujours des choses qu’on ne connaitra pas, c’est donc faire preuve d’un manque d’objectivité que de focaliser son attention uniquement sur celles-là. Mais ça n’est guère étonnant puisque les hypersensibles sont bien souvent des perfectionnistes.
Et c’est parce que l’on n’a pas atteint une espèce de perfection inatteignable, que l’on ne s’accorde pas la valeur que pourtant on mériterait. Et parvenir à sortir du syndrome de l’imposteur, ça va passer par s’accorder le droit d’être légitime même sur un domaine où vous avez encore des choses à apprendre.
Au lieu de ça, et comme on ne se sent pas suffisant, en tant que présumé imposteur on va développer tout un tas de mécanismes d’adaptation.
Les mécanismes de compensation de « l’imposteur »
Parce que la personne pense ne pas mériter sa place, elle va mettre en place de façon inconsciente des mécanismes pour venir compenser son sentiment d’insuffisance.
Le plus souvent la personne va se transformer en sur-homme (ou sur sur-femme) afin de prouver à toutes et tous que l’on n’est pas imposteur. Le but c’est de devenir légitime le plus possible, afin de ne pas être démasqué par les autres.
C’est ce mécanisme qui explique qu’il y ait autant d’hypersensibles qui vivent un burn-out. Parce que notre perfectionnisme fait que l’on ne se sentira presque jamais légitime.
Parce qu’on a besoin d’avoir suffisamment d’expertise pour commencer à pouvoir se sentir légitime, et même avec ça n’est pas toujours suffisant.
Souvent la personne hypersensible se sera coupée de ses ressentis et s’imagine pouvoir faire parfois le boulot de plusieurs personnes. Et c’est parce qu’elle voudra compenser les défaillances et le manque de moyens humains ou financiers, qu’elle prend le risque de finir en burn-out.
Et pour peu que l’on ait des facilités, les rares fois où on fait les choses avec moins de facilité, on pense également être un imposteur. Dans ce cas le moindre échec même minime, et ça devient la catastrophe.
On pensera (à tort) des choses mauvaises de nous, que l’on est notoirement incompétent, en bref que l’on est une imposture. D’où l’importance de mettre toute notre attention sur le fait d’essayer d’améliorer notre estime de soi.
Des clés pour sortir du syndrome de l’imposteur
> Prendre du recul
Personnellement, et comme beaucoup d’entre-vous, j’imagine, le syndrome de l’imposteur me frappe de plein fouet et notamment concernant le site Loin des Pressions. Souvent lorsque je travaille sur un nouvel article, mon premier réflexe est (trop souvent) la peur de ne pas me sentir légitime dans ce que je dis.
A chaque fois que je ressens cette peur de ne pas être légitime, je prends un peu de temps pour me poser et analyser ce qui se passe. Et à force j’ai fini par identifier qu’il s’agit du syndrome de l’imposteur, et je l’ai identifié comme tel.
Le moyen que j’ai trouvé pour pallier à ça, c’est de prendre le recul sur ce que je ressentais, et voir ce que je pouvais en faire. Et pour parler de ce site et de ces articles, j’ai décidé d’avoir une posture humble et de ne pas me positionner en expert.
Je suis simplement quelqu’un intéressé par l’hypersensibilité et par tous les sujets qui gravitent autour, qui a beaucoup lu et qui essaie de partager au mieux ses expériences et ce qu’il a compris du sujet.
C’est à ça que sert cette prise de recul, c’est faire une pause nécessaire dans le flux de vos pensées et regarder ce qui se passe en nous. Ce n’est que comme ça que l’on peut identifier qu’il s’agit de pensées et qu’elles ne sont pas la réalité.
C’est la bonne façon de procéder, pour enfin se rendre compte que c’est votre syndrome de l’imposteur qui vous joue des tours. Parce qu’en réalité vous avez une légitimité, bien plus que celle que vous croyez.
Et si comme moi votre personnalité vous pousse à rester dans l’humilité, et ce qui vous convient, je vous invite à y rester et à continuer à ne pas prétendre être ce que vous n’êtes pas. Mais quel que soit le stade où vous en êtes, rappelez-vous que vous êtes légitime.
> Travailler sur son estime de soi
Parce que c’est ça le problème avec le syndrome de l’imposteur, c’est qu’à force de penser que l’on n’est pas légitime on finit par procrastiner. On ne se lance pas ou on abandonne certains projets, par honte ou parce qu’on se pense non légitime pour ça.
Or vous n’êtes pas sans savoir que dans tous les domaines se lancent des personnes qui n’ont pas franchement les compétences, et qui pourtant ne se posent même pas la question de leur légitimité.
Vous ne serez jamais ces personnes-là c’est clair, mais parce que vous doutez de vous et de vos capacités, vous fournissez de toute façon des efforts et un travail. Et rien que pour ça, vous pouvez vous accorder le droit d’être légitime.
Il n’y a pas besoin d’attendre d’être un expert absolu, d’avoir atteint l’image de perfection que vous vous représentez pour vous lancer. Et c’est tout le problème du perfectionnisme justement, c’est qu’il empêche de se sentir légitime.
Cela ne sera pas parfait au début, et c’est tout à fait normal.
Mes premiers articles sur le site étaient loin d’être parfaits, mais petit à petit et à force d’écrire d’autres articles, je pense avoir trouvé mon style et le message que je voulais transmettre. Et fort de cette expérience-là j’ai même amélioré les premiers articles.
Au moment où j’écris cet article je viens juste de lancer la chaine Youtube Loin des pression, alors même que je n’ai jamais tourné de vidéo ni jamais publié de vidéo sur Youtube. Si je remonte à quelques années en arrière, jamais je ne me serai cru capable de faire cela.
Et bien forcément la première vidéo est loin d’être parfaite, et bien je sais que ça n’est pas grave parce que cela s’améliorera au fur et à mesure.
Et en me lançant, je travaille à mon estime de moi. Et ce même en imaginant que ça reste vraiment confidentiel et que personne ne voit ce que je fais, c’est pas grave parce que j’estime que rien que le fait de m’être lancé est déjà une victoire
Bien-sûr je ne vous dis pas de faire comme moi, la démarche c’est de vous aider à prendre conscience que l’on a toutes et tous de fausses croyances que l’on a sur nous-même. Comme des étiquettes que l’on s’est collées sur nous, parfois depuis longtemps, et que l’on peut toujours décoller pour en coller d’autres.
Toutes et tous on évolue, on change et comme rien n’est définitif. Ce qui ne nous semblait même pas envisageable il y a quelques temps, peut tout à coup le devenir.
Travailler à son estime de soi c’est se faire du bien, en prenant conscience qu’on a plus de valeur qu’on ne le pense.
> Accepter les compliments et les réussites
Travailler son estime de soi est un long chemin, et il commence par le fait d’accepter ses réussites. La personne qui a ce syndrome de l’imposteur aura donc tendance à attribuer son succès à la chance, et seulement à la chance.
Ce qui est paradoxal, c’est que la personne n’attribue absolument pas les échecs qu’elle vit, à la malchance. Au contraire dans ces moments-là, l’échec est forcément de notre faute.
Et comme un échec est en partie due à la malchance et n’est pas entièrement de votre faute, pourquoi il n’en serait pas de même pour nos réussites ? Parce que si dans toute victoire, il y a toujours une part de la chance, on a aussi su mettre les ingrédients qu’il fallait pour la provoquer.
D’ailleurs si un de vos proches, vous dit qu’il a eu de la chance d’avoir réussi telle ou telle chose, vous vous empresserez sans doute de lui dire que ce n’est pas que de la chance. Pourquoi ne pas accorder cette même bienveillance à vous-même ?
Prendre le temps de célébrer ses succès (même minimes), est quelque chose d’essentiel. Et surtout de ne plus les considérer comme quelque chose de normal en ayant déjà les yeux tournés vers l’objectif suivant.
Bien-sûr qu’il y a une part de chance comme dans tout, mais il n’y a pas que de la chance. Et vous n’allez pas devenir prétentieux pour autant, juste davantage lucide sur qui vous êtes et un peu plus confiant.
Cela demande aussi à savoir accepter les compliments ou récompenses que vous pouvez recevoir des autres. Parce que la grande majorité des personnes sont sincères dans leur démarche, et le plus beau cadeau que vous puissiez leur faire en retour c’est d’apprendre à recevoir ce qu’il vous donnent.
Souvent les personnes qui pensent être des imposteurs, donnent beaucoup d’elle-même et ont du mal à recevoir. On doit donc oublier une façon de fonctionner pourtant bien ancrée, et apprendre à recevoir ce que l’autre veut nous donner.
Il faut aussi dire que le syndrome de l’imposteur n’est pas seulement présent dans la vie professionnelle, on le retrouve tout aussi bien dans la vie personnelle.
Et là aussi, dites vous que vous valez bien plus que la fausse croyance que vous avez de vous-même. Et que vous avez le droit de commencer à emprunter le long chemin pour commencer à vous aimer.