Comment gérer son hypersensibilité au travail ?

gérer son hypersensibilité au travail

Comme moi et de nombreux autres hypersensibles, vous rencontrez peut-être des difficultés à évoluer et à vous sentir bien dans le monde du travail. D’ailleurs c’est pas forcément le cas, puisqu’en réalité c’est très dépendant du métier que vous exercez, et surtout de l’environnement de travail dans lequel vous évoluez.

Peut-être que vous avez tendance à changer d’emploi et même de métier régulièrement, et que vous aspireriez à un peu plus de stabilité en exerçant un travail qui vous plait et que vous pourriez faire dans de bonnes conditions.

Sans doute aussi que comme beaucoup de personnes vous voudriez exercer un métier qui a du sens, et que pour le moment vous n’avez pas forcément trouver ce travail qui vous correspond. Des fois même on aime son métier, mais on ne souffre de ne pas pouvoir l’exercer en y mettant le niveau de qualité que l’on souhaiterait.

Il faut dire que le monde du travail, c’est un environnement de compétition où l’on mesure avant tout votre productivité.

Et rien que cela déjà, cela représente un vrai souci pour la plupart des hypersensibles, mais on le développera pas mal tout au long de l’article. Parce qu’il y a beaucoup de choses à dire à ce sujet.

L’idée de cet article ce n’est pas du tout de trouver un métier ou un domaine « miracle » qui conviendrait à tous les hypersensibles.

Déjà parce que même si on a cette caractéristique commune, les hypers sont toutes et tous différents. En réalité, il y a autant de sensibilités qu’il y a de personnes hypersensibles, et ce qui conviendra à quelqu’un ne conviendra pas à quelqu’un d’autre.

Mais les hypersensibles se rejoignent dans leurs questionnements et leurs réflexions. Surtout ils ont des caractéristiques communes, dont la hyperesthésie.

La sur-stimulation fatigue les hypersensibles

Si vous vous demandez ce qu’est l’hyperesthésie je vous explique ça en deux mots : c’est le fait d’être stimulé de façon excessive au niveau des sens (vue, ouïe, odorat, toucher).

Et évidement l’hyperesthésie c’est une caractéristique commune que l’on retrouve chez les hypersensibles. Ce qui change suivant les personnes. c’est finalement s’il y a un ou plusieurs sens concernés et lesquels.

Personnellement je suis surtout sensible aux bruits et aux odeurs, peut-être que vous, de votre côté vous avez d’autre sens « au taquet ».

Cela signifie que, quel que soit votre hyperesthésie, un hypersensible va être bien plus réceptif aux stimuli de l’environnement de travail et des collègues. C’est ce qui explique pourquoi le soir vous pouvez vous sentir autant fatigué, vidé.

C’est parce que votre journée a été ponctuée de stimulations en tout genre, et comme vous y êtes davantage sensibles, très logiquement le soir votre batterie est vide. Vous êtes comme un téléphone portable qu’on aurait sollicité toute la journée, le soir vous aurez besoin de vous recharger.

La sur-stimulation est quelque chose de courant dans le monde professionnel, à tel point qu’on y prête plus vraiment attention. Les bruits, les différentes sollicitations et demandes, les notifications en tout genre, sont autant de stimuli que l’hypersensible doit gérer.

Et bien-sûr ils auront un impact sur votre bien-être au travail et votre niveau de fatigue. Par exemple, les environnement de travail en open space ne sont pas adaptés aux personnes sensibles au bruit.

Et dans la série « j’ai testé pour vous », je peux vous assurer que ces environnements bruyants ne sont absolument pas adaptés aux hypersensibles auditifs. Si vous êtes dans le même cas et que vous pouvez faire autrement que travailler dans des open-space, évitez-les.

De la même façon des lumières fortes type néon seront sans doute difficiles à supporter pour les personnes qui sont hypersensibles au niveau de la vue. Si vous avez du mal avec les odeurs, des métiers comme éboueurs ou infirmiers ne seront pas adaptés à votre sensibilité.

Dis comme ça cela semble évident, et pourtant il n’y a qu’en ayant une bonne connaissance de nous-même et de notre hypersensibilité, qu’on évite de tomber dans ces pièges. Parce qu’avant d’avoir conscience qu’on est hypersensible, on ne saura pas forcément ce qui ne nous est pas adapté.

C’est à partir du moment où on commence à comprendre qui on est, qu’on arrête de se trouver moins bien que les autres. Et on comprend qu’on est simplement différent.

L’ennui c’est qu’on évolue dans un monde, et c’est le cas aussi pour le monde du travail, qui n’a pas été pensé pour les personnes hautement sensibles ou neuro-atypiques. Alors on essaie de s’y adapter comme on peut, non sans quelques difficultés.

Un monde non adapté aux empathiques

> Aucune place pour les émotions

Lorsqu’un hypersensible est épuisé à cause de la sur-stimulation, la fatigue aidant il arrive qu’il craque. Je pense qu’on a tous connu des moments de sa vie pro, où on a été totalement débordé au niveau émotionnel, où ça nous faisait trop.

En réalité, quoi de plus naturel parce qu’on passe beaucoup de temps, à recevoir tout un tas d’émotions de la part des autres. Et pour peu qu’on soit quelqu’un d’empathique, le négatif que nous envoie notre environnement ne peut pas nous laisser de marbre indéfiniment.

La vérité c’est qu’on est des véritables éponges émotionnelles, et que c’est parfois compliqué que cette empathie ne déteigne pas sur nous.

Quiconque a déjà pleuré au travail, sait que ça n’est pas adapté et que ça sera perçu comme un signal de faiblesse. Pire il arrive que ça puisse être utilisé contre vous, pour justifier des décisions qui vous sont défavorables (refus d’une promotion, absence de prime … etc).

On voit assez nettement et vous l’avez peut-être déjà expérimenté de votre côté, que le monde du travail dans son fonctionnement majoritaire n’est pas adapté pour les hypers émotifs. Il n’y a de toute façon dans le monde du travail, pas d’espace pour l’expression des sentiments.

Le constat général il est quand même sans appel, mais on va pas se résigner pour autant.

Or nous en tant que sensibles, on aimerait qu’il y ait cet espace pour pouvoir exprimer ce qu’on ressent. D’ailleurs cela serait également utile aux personnes qui ont une sensibilité normale, ça leur permettrait de récréer une meilleure compréhension mutuelle et un dialogue dans le milieu professionnel.

Il faut avoir conscience que, sauf exception, notre sensibilité ne sera pas comprise ni acceptée, dans un environnement qui en est dépourvu. Parce que si nous les hypers on nous accuse d’être trop : trop sensibles, on peut aussi dire que le monde du travail n’est pas assez sensible.

C’est d’ailleurs pour cela que c’est pas une super bonne idée d’annoncer votre hypersensibilité. Parce que tout le monde ne fonctionne pas vous, et ne cherchera pas à comprendre et à accepter ce qui est différent de ce qu’elle connaît.

La réalité c’est que notre fonctionnement est trop différent pour être compris et accepté, et peut devenir une arme qu’on utilisera contre vous.

Et comme en plus bien souvent, en tant qu’hypersensible on sent particulièrement les choses et qu’on identifie facilement les dysfonctionnements et les choses qui pourraient être améliorés. Autant dire que les choses se compliquent très très vite pour nous.

> Notre intuition qui est perçue comme rébellion

S’il y a bien une caractéristique dans laquelle se reconnaissent (quasiment) toutes les personnes hypersensibles : c’est le fait de penser beaucoup. Certains nous reprochent même de penser trop, de trop réfléchir.

En fait d’hypersensible, on devient une sorte d’hyper penseur qui observe, analyse tout et est attentif aux moindre détails et changements. Et c’est parce qu’on est très attentif à ce qui se passe autour de nous, aux autres et à notre environnement, qu’on verra parfois des choses que d’autre ne verront pas.

Comme on est connecté à ce qui se passe, on « sent les choses » et on aura une bonne intuition.

Souvent même cette intuition nous amène à pointer du doigt à pointer les dysfonctionnements de notre milieu professionnel, et à anticiper comment les choses vont se passer. On se met même souvent à réfléchir à une façon de faire différente qui permettrait de résoudre ces soucis.

Et c’est pour ça que cela peut être mal perçu au niveau professionnel, parce qu’on pointe du doigt précisément ce qui pose problème. Ce que certains autres ne voient pas, ne voient pas encore ou souvent ne veulent pas voir.

Souvent le problème se voit comme un éléphant au milieu d’une pièce, et la plupart le voit mais parviennent à s’en accommoder et à faire avec. Nous, nous sommes hypersensible, et on ne sait pas « faire avec ».

On mettra les pieds dans les plats, pas par rébellion ; mais parce qu’on est entier, authentique. Et parce qu’on a pris le temps d’observer ce qui se passe, dans notre esprit les choses sont claires.

Et les problèmes en entreprise ils sont souvent liés à la productivité et à la rentabilité à tout prix.

Dans beaucoup d’organisations les gens travaillent en sous effectif et en sous moyen par rapport à ce dont ils auraient besoin pour effectuer un travail de qualité. C’est bien souvent le manque d’écoute et de considération des directions, et les organisations qui ont été mises en place qui posent problème

Mais pointer du doigt ce qui ne va pas, est bien-sûr mal perçu dans votre environnement de travail, par la hiérarchie ou parfois par les collègues. Ils le vivront comme de la mauvaise volonté, et souvent même comme un acte de rébellion, alors que dans votre esprit il n’en est rien.

En tant qu’hypersensible bienveillant qui a envie d’améliorer les choses pour faire en sorte que tout se passe bien, on se heurte à mur. On fait face à une incapacité du monde du travail à se remettre en cause.

Ce qui nous semble inimaginable puisque nous, nous passons notre temps à nous remettre en cause, à nous adapter.

Cette situation est d’autant plus embêtante, que nous les hypersensibles, nous détestons les conflits et généralement nous faisons en sorte de les éviter. Surtout que le conflit se situe également au niveau des valeurs.

> Nos valeurs non respectées

Vous l’avez peut-être constaté à vos dépens, mais parfois vos valeurs de bienveillance seront parfois bousculées. Dans le monde professionnel on peut parfois subir un management contrôlant, oppressant, qui va à l’encontre de la bienveillance que l’on attend.

Et bien-sûr quand on est naturellement bienveillant, et que la gentillesse est une valeur importante à laquelle on est attachée. Et étant donné également qu’on fonctionne à l’affectif, on ne pourra pas s’épanouir dans ce type de contexte.

Bien souvent c’est un peu plus subtil que ça, et donc plus compliqué à démêler. Dans certains contextes professionnels, il arrive qu’on fasse le constat que les discours que tiennent les dirigeants ne correspondent pas aux actions qu’ils font concrètement.

Bien souvent les discours prônent la bienveillance et le bien-être des collaborateurs, mais mettent en place une organisation avec un management contrôlant et une pression du résultat. C’est cette incongruence qui bien souvent nous gêne

Mais comme elle difficile à détecter, on a parfois du mal à la pointer du doigt et elle passe à travers les mailles de notre filet.

Cette différence entre les discours et les actes est courante, et là aussi elle s’éloigne du fonctionnement d’une personne hyper. Une personne hypersensible n’est évidemment pas parfaite, mais est entière et fera en sorte d’être cohérente.

Et évidemment ce qui pose souci, c’est quand ce qui est fait ne correspond pas à avec nos valeurs et ce en quoi on croit.

Le constat qu’on peut faire c’est que notre fonctionnement et nos valeurs ne sont pas adaptées à l’aspect compétitif du monde du travail. Nous préférons la coopération à la concurrence et la compétition, d’où le sentiment de décalage que l’on ressent.

Notre empathie nous poussera aussi parfois cette tendance à faire passer les autres avant soi-même. Ce qui peut parfois se retourner contre nous, si la personne en face de nous n’a pas des intentions aussi sincères que les autres.

Les hypersensibles sont également sensibles aux valeurs de justice, et auront beaucoup de mal à supporter lorsque se produit des injustices.

En voyant quelque chose de manifestement injuste, on aura beaucoup de mal à se taire. On ressentira probablement une colère que l’on aura sans doute beaucoup de mal à contenir.

Et si jamais on y est contraint, il est certain que ça va nous peser y compris parfois après les heures de travail.

C’est aussi pour ça qu’on on aura du mal avec toutes les stratégies, et les petits jeux de pouvoir qui existent. Ainsi que les commérages et autres joyeusetés, parce que nous aspirons à des liens profonds et authentiques.

Sauf que là où une personne non neuro-atypique parviendra à « faire avec », pour un hyper c’est très difficile de s’en accommoder.

S’ajoute à cela le fait qu’on n’accorde pas forcément d’importance à la hiérarchie mais plutôt à la compétence de la personne. Au final, on constate que notre façon de fonctionner est à l’opposée de celle du monde de travail, basé sur la hiérarchie et le respect de l’autorité.

Nos valeurs et notre créativité, notre capacité à faire du bon travail sont là. Et on se dit que toutes les qualités des hypersensibles sont justement censés plaire au monde pro.

Mais bien souvent c’est notre fonctionnement qui pose problème et qui explique que ça se passe mal. Et c’est quand on essaie de s’adapter et de performer à tout prix dans des milieux non sensibles, c’est là qu’on prend le risque de se brûler les ailes.

La tendance au burn-out

Je vous promets que les chapitres suivants seront plus optimistes et porteurs d’espoir. Mais en parlant du rapport des hypersensibles au travail, on ne peut pas ne pas évoquer le burn-out.

Surtout que visiblement les enquêtes sur le sujet montrent que les hypersensibles y sont plus sujet. Malheureusement je n’ai pas trouvé de statistiques pertinentes concernant les hypersensibles, pour venir étayer mon propos.

Ce qui est sûr c’est que les statistiques dont on dispose concernant le burn-out pour la population entière, sont sans équivoque. En France le burn-out concernerait environ un tiers des personnes dont 13 % en burn-out sévère, c’est tout sauf anodin.

D’ailleurs on connait toutes et tous dans notre entourage une personne qui a fait un burn-out, ou qui en fait un actuellement. Et parfois même, cette personne-là c’est nous-même, et si c’est votre cas je vous envoie plein de courage et de bonnes ondes.

Et c’est pas très étonnant qu’une personne hypersensible soit encore davantage exposé au burn-out. Parce qu’elle a besoin de trouver un sens à ce qu’elle fait, de se sentir utile.

Une personne hypersensible a besoin d’aimer son travail pour bien le faire et va difficilement accepter de ne pas pouvoir le faire dans de bonnes conditions.

Ce qui fait, que même si elle est placée dans une situation où manifestement elle ne peut pas faire le travail au niveau de qualité qu’elle espère. Une personne hypersensible fera tout ce qui est possible pour l’atteindre, souvent en sur-investissant et en ne comptant pas ses heures.

C’est par perfectionnisme, et conformément à ses valeurs et ses idéaux qu’une personne hypersensible aura tendance à se sur-investir.

Et quand on bascule là-dedans on n’écoute plus du tout les besoins de son corps, et on peut se retrouver à faire le travail de deux personnes. Et par souci de performance, et parce que qu’on se sent en capacité de fournir cette charge de travail.

C’est normal qu’on se sente fort, puisqu’on est totalement coupé de ses propres besoins et de son corps. On se sent investi d’une mission, on s’est habillé de notre costume de sauveur, jusqu’au jour où il faudra se sauver soi-même.

Un hyper ne fait pas les choses à moitié et veut les faire bien, aura tendance à se sur-investir aussi par loyauté. On veut être fort, et on finit par oublier notre haute sensibilité.

Le burn-out c’est le jour où on a dépensé toute notre énergie et où on est vide, où le corps nous lâche. Et quand ça se produit, le monde du travail ne montrera aucune reconnaissance envers votre dévouement.

Alors quand c’est possible, il vaut mieux prendre conscience du problème avant qu’il se produise.

Et très souvent une fois guéri, le burn-out coïncide souvent avec le début d’une prise de conscience sur la place qu’est censé tenir le travail dans nos vies. Comme une espèce de nouveau départ, qui commence par un voyage à l’intérieur de soi.

Mieux se comprendre

> Bien séparer le domaine pro du perso

Ces quelques paragraphes aident à comprendre que le problème n’est pas liée directement à nous en tant que personne. De part nos caractéristiques d’hypersensibles et notre façon de fonctionner, le monde du travail n’est bien souvent pas adapté pour nous.

Et on aura de notre côté toutes les peines du monde à s’y adapter également.

Au quotidien ce qui vous aider, sera de faire une vraie déconnexion le soir et les jours de repos. Et parvenir durant ces moments à prendre soin de soi avec un retour au calme.

Ce retour au calme peut passer pas l’écriture, mais aussi par la méditation, la lecture ou les balades en pleine nature. Finalement des activités qui permettent de baisser significativement le niveau de stress et permettent un retour au calme à des idées plus claires.

Les activités artistiques d’une façon générale permettent d’exprimer ce qu’on ressent et d’en faire de l’art. C’est donc avec le sport, une des meilleures façons de vous créer votre bulle de bien-être perso.

Votre bien être dans le monde professionnel par le fait de mettre en place cette véritable coupure entre perso et pro. Et faire en sorte que votre bulle perso soit la plus imperméable et belle possible.

> Trouver ce qui fait sens pour nous

C’est à partir de là que peut commencer un véritable travail sur vous, que vous avez déjà d’ailleurs au moins partiellement commencé. Vous avez pris conscience que vous êtes hypersensible, vous commencez à voir un peu plus clairement quelles sont les valeurs auxquelles vous tenez.

Un peu comme lorsqu’on sort d’une rupture amoureuse et qu’on en fait le bilan, on sait un peu plus précisément ce qu’on ne veut plus et ce à quoi on aspire. Là c’est un petit peu la même chose, nos expériences passées et une meilleure connaissance de nous, nous aide à avancer dans cette recherche.

Ce qui peut vous aider c’est de l’écrire, parce que cela permet de mettre des mots précis sur des ressentis parfois difficiles à nommer.

C’est en faisant ce travail pour comprendre qui on est, quelles sont nos valeurs et ce qui est important pour nous. Qu’on pourra commencer à déterminer quel domaine et quel type de métiers pourraient correspondre.

Pour avancer dans cette démarche, vous pouvez vous inspirer de la méthode de l’ikigai. Le principe c’est de partir de ses passions et de ce qu’on sait faire ; et de voir si cela est possible d’en vivre et si cela fait sens pour vous.

Cette Illustration faite par Pierrick – illustrateur Hypersensible résume assez bien ce qu’est l’ikigai, et la façon dont nos différentes aspirations pourraient se rejoindre.

Hypersensibles au travail, illustration Pierrick illustrateur

Si vous voulez en savoir plus concernant l’ikigai, il existe des chouettes bouquins sur le sujet. En tout cas c’est une piste qui vaut le coup d’être approfondie.

Et puis les bilans de compétence sont théoriquement faits pour répondre à ce besoin, mais ils présentent certaines limites surtout pour les hypersensibles. Ils ne prennent pas suffisamment en compte notre personnalité et notre façon de fonctionner et donc les difficultés que l’on rencontre dans le monde du travail.

Au final les bilans de compétence restent bien souvent en surface. Il nous sera seulement proposé des domaines professionnels ou des métiers en demande de main d’oeuvre, mais qui ne seront pas adaptés à nos besoins.

Et nos besoins sont profonds, puisqu’il s’agit de trouver un domaine ou un métier dans lequel on puisse se sentir utile et qui fasse sens pour nous. Pour une personne hypersensible c’est tout sauf un détail, c’est quelque chose d’important.

Avant de vous faire aider par un professionnel, n’hésitez pas à vous renseigner auprès de plusieurs personnes et organismes. Privilégiez plutôt des interlocuteurs qui ont des connaissances en psychologie, comme des psychologues du travail.

C’est important de bien vérifier que le contact passe bien avec la personne, si ça n’est pas le cas votre bilan risque de ne pas avoir les résultats escomptés.

Parce que ce n’est qu’en ayant fait un vrai travail sur qui vous êtes, vos valeurs et ce à quoi vous aspirez ; que vous pourrez avancer sur ce plan-là.

> Indépendant ou salarié ? ou les deux ?

Vous avez peut-être déjà entendu des personnes vous dire que les hypersensibles ne sont pas faites pour le salariat. Que les personnes hypersensibles seraient bien souvent faites pour exercer une profession en tant qu’indépendant, ou en profession libérale.

Ce genre de discours est parfois un peu biaisé, puisqu’il provient bien souvent de personnes qui le sont elles-même. Mais malgré ça, ce discours est au moins partiellement vrai.

Néanmoins de mon point de vue les choses sont plus complexes que ça.

Parce que s’il est vrai que se lancer en tant qu’indépendant, colle avec notre besoin de liberté et résout également le problème de notre rapport compliqué avec l’autorité. L’erreur selon moi, serait d’idéaliser une vie d’indépendant.

S’il y a effectivement une certaine forme de liberté dans une activité non salariée, elle est cependant relative. Et même si vous vous lancez dans un domaine qui vous plait, cela vous demandera de fournir une grande quantité de travail.

Vous ne serez pas aussi libre que vous l’imaginez, puisque vous côtoierez souvent des partenaires et des clients avec lesquels il vous faudra composer. Et là je ne parle même pas de la difficulté de simplement pouvoir vivre correctement de votre activité d’indépendant, qui est pourtant la problématique principale.

Et puis il y a autant d’hypersensibles qu’il n’y a de personnes, ça veut dire que travailler en tant qu’indépendant ne conviendra pas à tout le monde.

Parce qu’être indépendant peut vouloir dire, d’avoir moins de lien social qu’en tant que salarié. Cela veut dire également que l’on passe des moments de doute ou d’angoisse différents de ceux qu’on vit dans le salariat.

Et il est vrai que si notre besoin de sécurité est plus fort que cette soif de liberté, alors on préfèrera sans doute le salariat.

Souvent la solution idéale c’est à vous de la construire, et elle se situe un peu entre les deux. Et l’idéal quand on est salarié et qu’on voudrait se lancer dans une activité d’indépendant, c’est de le faire à côté de son travail principal.

C’est ce qu’on appelle parfois « side business », c’est à dire une activité supplémentaire et complémentaire de son activité principale. Cela permet de tester son activité d’indépendant, voir si elle nous plait et si elle est viable, tout en bénéficiant encore de la sécurité du salariat.

Encore faut-il que ce soit possible, les fonctionnaires notamment ont souvent interdiction de se mettre à leur compte. Il y a dans certains contrats de salariés qui prévoient des clauses de non concurrence dans le même domaine d’activité, tout ça est évidement à vérifier.

Et bien-sûr j’ai conscience qu’avoir une deuxième activité pro n’est pas anodin et que nos vies sont déjà bien remplies

Pour autant l’expérience montre qu’on a toutes et tous dans notre journée des temps inutiles, que l’on peut décider de consacrer à ça. Pour le dire clairement cela va sans doute demander à réduire le temps passé sur les réseaux sociaux ou devant une série qui vous permettait de vous vider la tête.

Mais ça vaut le coup, parce que cela fait énormément de bien de se lancer dans quelque chose qui vous plaît. Cela vous met dans une démarche et dans un élan qui va aussi vous également aider pour votre emploi principal.

Parce qu’en faisant ça, on enlève de l’enjeu et du poids au travail principal en se créant une activité complémentaire. Et bien-sûr si un jour ça fonctionne mieux vous serez toujours à temps de basculer à plein temps sur votre activité d’indépendant.

Mais si ça marche bien, on peut tout aussi bien imaginer de basculer à moitié salariat et à moitié indépendant. Et cette solution est d’ailleurs bien plus adaptée à des personnes multi-potentielles, qui justement auraient tendance à s’ennuyer vite dans un seul travail.

Tout ça pour vous dire qu’il s’agit d’une véritable construction dans laquelle vous vous lancez. Et qu’elle vous met dans un élan très positif et va vous aider à progresser sur votre affirmation de soi.

> S’affirmer

Bien souvent on est quand même des gentils, ce qui est une belle qualité sur le plan humain (et dont certains seraient bien avisés de s’inspirer). Mais un hypersensible empathique c’est quand même souvent un petit poisson tout mignon au milieu des requins.

Et si on ne s’affirme pas, je pense que vous voyez bien le destin funeste qui nous est promis. Donc même si c’est pas dans nos habitudes, malheureusement on a pas tellement d’autres choix que de le faire.

Alors petit à petit on apprend à poser des limites si des personnes du milieu pro qui abusent de votre gentillesse. Ca va leur faire bizarre, au début ils vont pas trop aimer que vous disiez non, mais c’est pas grave eux aussi ils vont apprendre.

Vous êtes vous aussi légitimes à avoir des besoins et de demandes, et à avoir envie d’être respecté.

Pas à pas vous allez progresser sur votre assertivité, c’est-à-dire sur votre capacité à vous exprimer et vous affirmer sans agresser. Cela consiste à parvenir à s’affirmer sans entraîner 10 000 conflits (ce qui est une bonne chose étant donné que les hypers n’aiment pas les conflits).

On n’aime pas les conflits certes, mais l’assertivité demande aussi à ne pas en avoir peur. Et d’ailleurs la pratique de la communication non violente repose pas mal sur cette capacité à vous exprimer sans agresser.

On ne renie pas nos valeurs de bienveillance, on ne deviendra pas un requin ça n’est pas le but. On deviendra un poisson un peu plus solide et qui n’hésitera pas à sortir ses piques (comme un oursin) si besoin.

Cette métaphore du monde sous-marin même si elle est forcément un peu caricaturale, elle a un fond de vérité et elle est assez parlante je pense. Et dans cet océan, le plus important c’est de rester bien déterminé à créer votre sanctuaire.

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