Hypersensible et amour : comment sortir du syndrome du sauveur

hypersensibilité et amour, le syndrome du sauveur

Qu’est ce que le syndrome du sauveur, en amour ?

Avant de partir dans la lecture d’un article, il faut qu’on se mette d’accord sur ce dont on parle exactement. Une personne qui a ce fameux « syndrome du sauveur » va inconsciemment chercher à créer un lien privilégié (amitié, amour) avec des personnes qui pourraient avoir besoin de son aide.

Et bien-sûr il est logique que les personnes hypersensibles soient plus souvent que les autres, concernées par ce phénomène. C’est en lien avec les qualités et les valeurs qu’ont beaucoup d’hypersensibles, qui ont généralement des personnalités altruistes et bienveillantes.

Pour un hypersensible, le fait que l’autre se sente bien est quelque chose d’important car il a un idéal d’harmonie. Souvent même cela va plus loin que ça, puisque la personne hypersensible pense que du fait de toutes ses qualités, elle pourra « sauver » la personne.

Ce phénomène du « sauveur » peut concerner autant les deux sexes, mais il s’avère que c’est assez souvent une problématique que rencontre les femmes. Du fait sans doute de l’éducation qu’ont reçu beaucoup de femmes, où on leur a expliqué qu’elle devait s’effacer et taire leurs propres besoins afin de pouvoir aider les autres.

Ces personnes se retrouvent donc dans des relations amicales ou amoureuses, où elles tiennent souvent le rôle d’infirmière voire de thérapeute. Pour elles, le besoin d’aider l’autre devient comme un réflexe, et c’est aussi une façon pour elles de pouvoir recevoir l’amour dont elles ont tant besoin.

Le problème est que ça crée des relations déséquilibrées, où l’on fait passer l’autre avant soi. Dans ce type de relations, on aura tendance à gommer sa personnalité et taire ses propres besoins. Et donc on ne peut pas s’épanouir dans ce type de relation.

Parce que ce n’est pas notre rôle de soigner ou de sauver l’autre, cela crée des relations qui ne peuvent pas être saines. Surtout parce que le problème du syndrome du sauveur, c’est qu’il vous fait rentrer dans des schémas de relation sous forme de « triangle dramatique »

Le problème du triangle dramatique ou « triangle de Karpman »

Le triangle de karpman autrement appelé triangle dramatique, met en évidence des scénarios relationnels dans lesquels chacun tient un rôle bien déterminé (cf illustration).

triangle dramatique, syndrome du sauveur

Il est bien évident que prendre le rôle du sauveur signifie d’aider une victime, et que les deux rôles s’entretiennent. De façon inconsciente (ou non parfois), les deux se complaisent à perpétuer leur rôle, et le comportement de l’un vient nourrir celui de l’autre.

Le danger avec ce genre de schémas, c’est que l’on se retrouve à changer de rôle, à passer tour à tour de victime à persécuteur, ou même de sauveur à victime. Le persécuteur n’est d’ailleurs pas toujours une personne, cela peut être une addiction par exemple.

Quels que soient les changements de rôles ils créent des déséquilibres et des rapports de force dans la relation. On rentre clairement dans des relations qui ne sont pas saines.

Sauf exception bien entendu, ce qui se joue est très souvent inconscient et prendre ce rôle du sauveur n’obéit pas à une démarche purement narcissique, qui serait plutôt celle qu’adopte les personnes manipulatrices.

Néanmoins lorsqu’on sent que l’on a tendance à devenir le thérapeute de l’autre, et que l’on rentre dans ce genre de schémas, il peut être bénéfique de prendre un pas de recul pour bien regarder ce qui se joue.

L’importance du recul, pour la prise de conscience

Il est souvent difficile de sortir du déni et de prendre conscience de la situation, et surtout de la croyance qu’elle n’est pas aussi bénéfique que ce que l’on pense. Et il est important de prendre ce pas de côté pour voir ce qu’il en est.

Et de se poser simplement la question, de pourquoi on veut sauver l’autre ? Parce qu’on ne le fait pas toujours uniquement pour l’autre. On veut « guérir » l’autre aussi pour se rassurer sur le fait que l’on est une bonne personne, et qu’en se comportant de cette façon on ne pourra qu’être aimé.

Cela veut dire en un sens et souvent de façon inconsciente, que l’on agit afin de recevoir en retour.

L’ennui c’est que bien souvent comme la personne en face ne s’estime pas redevable de quoi que ce soit, vous obtiendrez très rarement ce que vous attendez. Bien souvent d’ailleurs l’autre ne demande rien et ne veut pas spécialement être guéri ni sauvé.

Vous n’allez donc pas sauver qui que ce soit, et surtout pas quelqu’un qui ne le demande pas.

Prendre ce pas de recul, c’est regarder plutôt ce qui se joue en nous. On retrouve souvent une faible estime de soi, ou en tout cas une estime de soi qui est très dépendante de l’opinion de l’autre.

Autant dire dans ce cas, que les jugements négatifs et les reproches de l’autre vont avoir un sacré impact sur votre état et la perception que vous avez de vous-même. C’est souvent un besoin d’être aimé, qui est plus fort que tout le reste et qui vous poussent à vous dire que vous devez en faire toujours plus pour être aimé.

C’est souvent de dépendance affective dont on parle, puisque lorsqu’on a une faible estime de soi, on s’imagine (à tort) qu’être soi n’est pas suffisant. Et qu’il faut faire de grandes choses pour l’autre, afin qu’il nous aime.

Bien évidement si j’en parle de façon aussi précise, c’est parce que j’ai connu ce type de situation, et ait été dans ces situations de dépendance affective pendant de (trop) nombreuses années. L’idée n’est pas d’incriminer qui que ce soit, mais d’essayer de vous aider à avoir un regard lucide sur la situation pour juger si vous êtes dans une situation similaire ou non.

Si cela est votre cas, le fait de travailler avec un(e) thérapeute est une bonne idée, afin de pouvoir identifier les blessures qui font que vous font entrer dans ce type de schémas. Cette peur d’être rejeté, abandonné par l’autre, trahi parfois est souvent inconsciente et tellement profondément ancrée en soi qu’il est impossible de pouvoir en guérir soi-même, même avec la meilleur volonté du monde.

Il est normal que tout le monde ne vous aime pas, il ne sert à rien de vouloir tout mettre en œuvre pour être aimé. En réalité là, il s’agit de suivre un chemin qui permette de retrouver une véritable estime de soi.

Retrouver son estime de soi

> En honorant ses besoins

Parce qu’à partir du moment où l’on s’aime suffisamment on se met à comprendre beaucoup de choses. Lorsqu’on en est guéri, on comprend qu’on a pas besoin de sauver qui que ce soit pour être aimé.

Qu’être soi-même suffit et qu’on mérite d’être aimé pour ce qu’on est, sans avoir besoin de faire quoi que ce soit pour l’être. On sait qu’une relation amoureuse ou amicale est saine, quand on peut être simplement soi-même sans appréhender les réactions de l’autre.

Lorsqu’être simplement soi-même suffit et qu’il n’y a pas besoin de changer ou s’adapter en permanence à l’autre, pour être aimé de l’autre. Alors on sait que la relation est saine et qu’on peut pleinement s’y épanouir.

Alors si personne ne vous l’a dit, sachez que vous méritez d’être aimé(e) pour qui vous êtes, sans avoir besoin de changer pour plaire à l’autre. Parce que se dire ça, c’est déjà commencer à guérir.

Parce que cela veut dire que vous commencerez à écouter vos propres besoins, et les considérer réellement plutôt que de les effacer pour l’autre. Et cela va passer par poser des limites, afin que la relation soit plus équilibrée.

> En posant ses limites

Parce que prendre en compte ses propres besoins, nécessite parfois de devoir poser aux limites des autres. Et c’est vrai que c’est parfois compliqué de devoir dire « non » quand on a toujours dit « oui » afin d’arranger tout le monde.

Cela va peut-être même faire un sacré changement pour certains de vos proches, ça va « piquer » pour eux, mais c’est comme ça.

Il en va de votre bien-être, et vous ne pouvez pas porter la charge du malheur de l’autre. Surtout lorsqu’il finit par déteindre sur vous, vous n’aurez de toute façon pas l’énergie pour cela.

Surtout garder en tête que dans une relation quelle qu’elle soit, chacun n’est responsable que de ce qui le concerne. Vous êtes responsable de vos paroles et actions, et l’autre est responsable des siennes.

Et si l’autre a la fâcheuse tendance de vous faire porter la culpabilité de tous ses problèmes, essayez de lui dire stop. Parce que lorsque cela ne se passe pas bien, personne n’est coupable de quoi que ce soit, et chacun est responsable de ce qu’il fait ou de ce qu’il ne fait pas.

Lorsque l’autre se met à vous juger négativement, ou vous faire des reproches. Gardez en tête qu’il ou elle ne parle que de lui, de ses propres peurs et de ses propres failles.

Prenez juste votre part, et n’endossez pas la responsabilité de ce qui ne fonctionne pas pour l’autre, et dans la relation. Il est important que vous enleviez ce poids, parce que le but c’est de développer des relations plus équilibrées et équitables.

Et dans une relation de sauveur, victime voire même persécuteur, on a bien vu que ça ne pouvait pas être le cas. Et cela va même vous demander de trouver un nouveau positionnement dans vos relations.

> Trouver le bon positionnement

Le bon positionnement, c’est de parvenir à ne plus être dans la prise en charge de l’autre, mais simplement dans le soutien. Votre rôle n’est pas de résoudre ses problèmes, mais d’être dans l’écoute et l’accompagnement de l’autre.

Parce que le fait de soutenir l’autre est suffisant, et c’est même un ciment sur lequel repose les relations saines. Et ça c’est évidemment quelque chose que les hypersensibles savent faire, à condition d’aller bien soi-même.

Pour y parvenir, il sera important d’avoir guéri d’une éventuelle dépendance affective, et être d’avantage rentré dans une espèce d’autonomie émotionnelle. D’être capable de prendre suffisamment de soi et parvenir à reconstruire une véritable estime de soi.

Parce qu’à partir du moment où son estime de soi ne dépend plus de ce que disent ou pensent les autres. Où l’on cesse de se sentir nul(le), on comprend que la seule personne que l’on peut guérir c’est simplement nous-même et c’est déjà énorme.

Suivant les situations, cela peut passer par le fait de se séparer de certaines personnes, avec lesquelles manifestement vous n’êtes pas compatibles. Et même si ça peut être douloureux, c’est également le signe que vous êtes en train d’évoluer en étant plus connecté à vous-même et à vos propres besoins.

Cela laisse surtout davantage d’espace dans votre vie pour pouvoir vous occuper de vous, et dans le futur faire rentrer dans votre vie des gens avec lesquels vous serez davantage compatibles.

Gardez en tête que vous êtes probablement une très belle personne, même en ne sauvant pas qui que ce soit. Et n’oubliez pas de prendre soin de vous.

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