
🦥En bref, ce que vous allez découvrir ici
- Respecter leur rythme : Un enfant hypersensible fatigue plus vite face aux stimulations : bruits, lumières, matières, odeurs … que les autres. Leur empathie naturelle fait qu’ils absorbent beaucoup du monde qui les entoure, et qu’ils vivent donc les émotions de façon intense. C’est donc une bonne chose de reconnaître leur besoin de calme et de les aider à apprivoiser cette sensibilité.
- Quand on est soi-même hypersensible : Être parent hypersensible est un atout : car cela nous permet de mieux comprendre ce que vit l’enfant et permet de dédramatiser certaines situations. Cela peut les aider à mieux appréhender ce sentiment de différence, de décalage par rapport aux autres et au monde. Cela permet également de casser certains stéréotypes, notamment pour les garçons, en leur montrant qu’exprimer ses émotions est valable et est tout sauf une faiblesse.
- Nouer un lien authentique : Partager avec son enfant quelques bribes, quelques morceaux de son vécu permet d’ouvrir un espace de confiance. En voyant que ses parents traversent aussi des émotions parfois similaires, l’enfant se sent moins seul et va davantage oser s’exprimer. Il ne s’agit pas de lui faire porter nos problèmes d’adulte, mais de lui montrer que nos ressentis sont légitimes et ont toute leur place.
- L’éducation et les limites : On voudrait parfois protéger nos enfants de tout, mais c’est illusoire : la vie est faite d’expériences qu’ils devront traverser par eux-mêmes. Poser des limites aux enfants n’a de sens que dans le cadre d’un échange, d’un dialogue, qui permet à l’enfant de comprendre et donc de grandir. Notre rôle sera donc de ne pas d’effacer les obstacles, mais de leur donner des repères solides pour qu’ils apprennent à les surmonter.
- Les parents comme repères : Les enfants voient tout, y compris ce qu’on croit leur cacher. Ils testent parfois là où ils pensent percevoir une faille, et surtout là où il voudrait pouvoir trouver un repère clair. En tant que parent nous ne serons jamais parfaits, et c’est pas ce que nos enfants nous demandent. En revanche pour être crédible à leurs yeux et avoir une chance d’être écouté, il faut que nos actes correspondent à nos mots. “Fais ce que je te dis de faire, et pas ce que je fais”, ça ne marche pas chez les petits hypers comme chez les autres.
- Des parents heureux donnent des enfants heureux : Le bien-être des parents rejaillit directement sur celui des enfants. Prendre soin de soi, cultiver sa joie et parfois faire des choix difficiles que ce soit au niveau professionnel et personnel, sont autant de signaux qu’on leur envoie. Un enfant qui voit ses parents s’accomplir et heureux apprendra qu’il peut, lui aussi, construire une vie qui lui correspondra, pleinement épanouissante.
respecter leur rythme
L’hypersensibilité chez les enfants, ce sont avant tout des histoires, et je trouve ça intéressant de vous raconter un peu de ce qui fait la mienne.
C’est une psychologue scolaire qui a prononcé le mot d’hypersensible, concernant mon enfant. Et il est vrai qu’une fois que le mot est lâché, tout fait sens.
Parce qu’au fond même si on ne connait pas réellement tout à fait le mot, ni la réalité exacte que ça recouvre. Au fond de nous, on sait que notre enfant est plus sensible que la moyenne, on le voit et on le sent.
Dans mon cas, et je sais que c’est le cas pour d’autres personnes, c’est même ce qui a déclenché la reconnaissance de ma propre hypersensibilité. Parce que je voyais des points communs entre la façon de fonctionner de mon enfant et la mienne, la même sensibilité à certaines stimulations, la même intensité émotionnelle, la même fatigue et le même besoin de calme.
Tout ça, ça a fait tilt, cela a provoqué une prise de conscience. Cela a permis, pour lui comme pour moi, de mettre des mots sur ce sentiment de différence. Alors on commence à comprendre pourquoi on se sent autant en décalage par rapport aux autres.
Le fait de pouvoir nommer ça, de savoir que cela existe, fait que l’on cesse de se sentir nul et moins bien que les autres. On commence petit à petit à mieux comprendre son fonctionnement, et même ses besoins.
Et les besoins d’un enfant hypersensible, sont ceux d’un enfant que les stimulations sensorielles fatiguent davantage. Qu’ils soient sensibles aux bruit ou à la lumière ou aux odeurs, ou à certaines matières ou étiquettes sur les vêtements, ou même parfois plusieurs de ces choses à la fois ; il est sûr que cela les fatigue.
Une étude récente montre que le trait de sensibilité accrue, dit Sensory Processing Sensitivity (SPS) chez les enfants est fortement lié à la manière dont ils perçoivent les stimulations, traitent les émotions et réagissent aux environnements. Lorsqu’un enfant hypersensible évolue dans un contexte familial bienveillant et sécurisant, ses capacités de régulation émotionnelle tendent à être meilleures que celles de ses pairs, mais si l’environnement est moins favorable, il peut être plus vulnérable aux surcharges émotionnelles.
Autrement dit : ce n’est pas uniquement “être hypersensible” qui pose problème, mais “être hypersensible sans l’accompagnement ou le cadre adapté”.
Les signes de l’hypersensibilité chez un enfant sont grosso-modo les mêmes que ceux chez l’adulte. Ils vivent donc également des émotions très fortes, et par empathie ont tendance à prendre les émotions des autres, un peu comme des éponges émotionnelles.
De même les pensées se bousculent dans leur tête, il s’y crée même tout une série de scénarios, qui peuvent finir par créer en eux de l’anxiété et même du stress.
Comme les adultes hypersensibles, il y aura des jours où ils seront davantage fatigués et irritables, et où ils auront parfois ce même besoin de repos et de calme.
En tout cas les enfants hypersensibles portent en eux cette attention envers les autres et au monde qui les entoure. Lorsqu’ils savent qui ils sont, ils parviennent à développer également leur propre imaginaire et parviennent à laisser aller leur créativité, quel que soit le domaine qui leur plait.
Et nous en tant que parent, notre rôle est de les accompagner sur le chemin de leur épanouissement personnel, et le fait d’être nous-même hypersensible peut sans doute être un atout.
Quand on est hypersensible nous-même :
Un gros atout pour notre enfant hyper
Lorsqu’on est nous-même hypersensible, on peut normalement mieux comprendre ce qui leur arrive. Cela permet de mieux comprendre le fonctionnement de votre enfant, et même de dédramatiser certaines situations.
Et c’est logique si votre enfant est épuisé par des bruits, des lumières, et est mal à l’aise avec certains textiles, et que c’est également votre cas, c’est plus simple. Si vous voyez qu’il ressent des émotions trop fortes jusqu’à en être submergé, et que cela vous arrive aussi, alors vous serez en mesure de comprendre les réactions de votre enfant.
C’est précieux, parce qu’ils se sentiront écouté et compris, et c’est tout sauf une petite chose. C’est précieux également, parce que cela leur permet de ne pas se sentir comme des extra-terrestres au milieu des autres. Cette même sensation que vous avez sans doute connu et que vous connaissez peut-être encore parfois.
Parce qu’on est davantage en capacité de les comprendre. On peut commencer à expliquer ce qu’est l’hypersensibilité et à même à déconstruire certaines idées reçues sur elle, en expliquant que l’hypersensibilité n’est pas une maladie. Que les hypers sont pas « moins bien » ou « moins fort », simplement différents dans leur façon de fonctionner.
On peut même les aider à s’identifier comme des êtes sensibles, à ce qu’ils puissent identifier leurs émotions et leur donner quelques clés pour essayer de les apprendre à gérer.
Quand votre enfant est un garçon, cela permet aussi de sortir de certains stéréotypes de genre véhiculés par la société. Cela lui permet de comprendre qu’il est normal de ressentir des émotions comme la tristesse par exemple, d’être touché ou ému par quelque chose, ce n’est pas « être une fille ».
Et que d’ailleurs « être une fille » ne devrait pas être une insulte.
La réalité c’est qu’on ressent toutes et tous des émotions, et même si cela nous rend vulnérable c’est quelque chose de normal. Les émotions sont là et plutôt que de faire comme si elles n’existaient pas, on peut essayer de les accueillir pour ce qu’elles sont.
Et même s’il existe une pression sociale, qui nous dit qu’il faut « être fort », nous on sait bien que celui qui est fort c’est celui qui se connait bien.
cela nous facilite les choses pour créer du lien
Le fait d’être soi-même un parent hypersensible, peut également nous faciliter des choses afin de créer du lien avec notre enfant.
Parce qu’au delà du fait de les écouter, et d’être en capacité de les comprendre, on est en capacité de créer un véritable échange. Il n’est pas du tout interdit, de raconter un morceau de ce que l’on vit ou de ce que l’on a vécu.
Cela ne veut pas dire pour autant charger les enfants de nos problèmes d’adulte, ils restent des enfants qui n’ont pas à grandir plus vite que leur rythme naturel. Il ne s’agira pas non plus de se projeter en eux et de placer trop d’attente en eux, car après tout ils sont différents de nous.
Mais le fait de leur raconter que l’on a vécu telle expérience ou telle émotion, en dehors de la maison, va les aider à les considérer comme normales et acceptables. Et c’est à travers ce partage d’expériences et de vécus, que les enfants peuvent à leur tour exprimer ce qu’ils ressentent, leurs émotions.
Et vous ne devenez pas extrêmement vulnérable en faisant ça, vous ne devenez pas non plus un parent moins autoritaire, vous êtes simplement plus authentique plus humain, et ça les enfants le sentent. Ils voient que leurs parents vivent également des choses en dehors d’eux, et comprennent que certaines ressemblent à celles qu’ils vivent.
C’est ce qui permet de créer une espèce d’espace de confiance dans lequel un enfant se sente un minimum écouté voire compris. Parce qu’il verra que l’adulte vit ou a vécu des expériences similaires aux siennes, il se sentira moins seul et incompris.
Et si dans votre enfance, vous vous êtes senti incompris et absolument pas écouté dans l’expression de vos besoins, Alors vous savez que c’est important, comme le fait de parvenir à poser des limites, afin que des repères soient présents.
L’éducation et les limites
Ce qu’il y a de beau dans le fait d’être dans l’échange, c’est que ça n’empêche absolument pas le fait de fixer des limites. En expliquant pourquoi et en donnant des repères clairs, parce que c’est comme ça qu’on comprend et qu’on apprend.
Et c’est logique, et c’est parce qu’il y a du dialogue et de la confiance, que vous pourrez aussi dire non à ce que vous pensez être une mauvaise idée. Et c’est même de cette façon que vous serez bien plus écouté, que si vous êtes dans la posture du parent seulement autoritaire, mais qui n’écoute pas et qui semble totalement inaccessible.
C’est parce qu’il y a un dialogue avec les enfants, que l’on ne reste pas sur les idées préconçues que l’on peut avoir sur les uns et les autres. On peut sortir de la pensée que « notre enfant fait toujours ça » et à leur tour penseront autre chose que » de toute façon, avec mes parents c’est toujours pareil, j’ai droit à rien ».
C’est parce qu’on essaie de mettre en place un dialogue, avec parfois quelques ratés, qu’on peut sortir des généralisations excessives sur l’autre. Comme on se connait chacun un peu mieux, on se fait davantage confiance et ça fonctionne.
Les parents sont des repères
Gardons en tête que l’éducation que l’on a reçu nous a donné des repères. Cela signifie que lorsque l’on a grandi dans une famille dysfonctionnelle, cela laisse forcément quelques traces.
Surtout avant que l’on soit en capacité de s’en détacher, voire d’en guérir, on considère que ce l’on a vécu en tant qu’enfant est la normalité. Et c’est logique puisque c’est la seule base, le seul repère que nous ayons.
Et c’est même en fonction de l’éducation que l’on a reçue ou au contraire en opposition que l’on éduque ses propres enfants.
C’est donc logique que concernant les repères, il en soit de même pour nos enfants, que pour nous, et que donc à notre tour on soit ce repère. Et en plus comme nos petits s’avèrent être hypersensibles, ils sont de véritables éponges émotionnelles, et s’avèrent être des observateurs très attentifs du « jeu des adultes ».
Et je pense qu’il est bon de se rappeler que pas grand chose ne leur échappe, et qu’on a toutes et tous une fâcheuse tendance à sous-estimer ce qu’ils comprennent. Parce que parfois les mots leur manquent, parce que parfois aussi en tant que parent on fait des erreurs, et que cela nous arrangerait bien qu’ils ne les comprennent pas.
C’est pour ça qu’il y a certains jours où ils testent, testent les limites, parce qu’ils pensent avoir trouvé une faille et sont en demande de repères.
Et on a donc qu’on le veuille ou non, cette valeur d’exemple, qui parfois d’ailleurs peut créer de la culpabilité. Et c’est parce qu’on a conscience de la responsabilité d’être parent, que l’on ressent aussi souvent cette culpabilité de ne pas tout faire parfaitement.
Pourtant quand on a envie de bien faire, quand on y met de l’amour, il n’y a pas de raison valable de se sentir coupable de ne pas tout faire parfaitement. Si c’est votre cas, vous pouvez donc vous autoriser à vous enlever le poids trop lourd de cette culpabilité de parents, en vous rappelant que vous faites les choses bien.
Mais cette responsabilité, même si elle n’a pas à être de la culpabilité, elle nous « oblige » à faire de notre mieux. Vous connaissez peut-être l’expression « Fais ce que je te dis de faire, et pas ce que je fais », qui est en réalité la pire idée possible.
C’est évidemment une mauvaise idée, comment voulez-vous expliquer à vos enfants qu’il ne faut pas dire de gros mots à vos enfants, si vous en dites vous-même. Vous ne serez pas pris au sérieux, et à juste titre.
Pour la petite histoire, je suis originaire du sud-ouest de la France, il m’a été très difficile de rayer le mot « putain » de mon vocabulaire. J’ai fait de mon mieux pour y arriver, il y a des jours où j’y suis parvenu et d’autres non, parce que les habitudes ont la vie dure.
Mais dans ce cas, je suis forcément beaucoup moins légitime pour expliquer à mon enfant qu’il ne doit pas dire ce gros mot. Et ils nous feront remarquer ce manque de congruence (dans le langage courant on parle de cohérence), à juste titre
Idem si vous voulez que votre enfant soit moins devant des écrans et lisent les livres qui sont à sa disposition, ça sera toujours plus simple en montrant l’exemple nous-même. Et ce n’est pas toujours si évident tant les smartphones, tablettes et leurs applications sont pensées pour nous rendre accro.
Si vous ne lisez pas vous-même et que vous avez ces mêmes difficultés à décrocher des écrans, vous ne serez pas crédible.
Nous sommes des repères, des exemples pour eux, ils ne nous demandent pas d’être parfait mais de faire au mieux. Alors c’est ce qu’on fait, parce qu’on les aime et on a envie qu’ils soient heureux.
Et notre mission principale pour les rendre heureux, c’est de l’être nous-même
Des parents heureux donnent des enfants heureux
C’est parce qu’on est des repères, qu’on se doit de mener une vie heureuse, pour qu’à leur tour ça puisse être le cas. Cela passe par le fait de prendre soin de soi, et de s’occuper de son bien-être.
Même si ça n’est pas toujours évident, ni même possible en terme de garde d’enfant, essayer dans la mesure de possible de disposer de temps pour vous, et également pour votre vie de couple et votre vie sociale. N’hésitez pas non plus à vous appuyer sur les personnes de confiance de votre entourage, afin de pouvoir vous créer ces moments de respiration.
Être heureux passe aussi par le fait de mener une vie qui nous convient, et de parvenir à se réaliser en tant que femme ou homme.
Cela signifie que contrairement aux apparences, vouloir rester dans un couple pour les enfants mais tout en y étant malheureux(se) est rarement toujours une bonne idée. L’idée que l’on reste dans un coupe où l’on est malheureux « pour préserver ses enfants » est tout à fait contestable.
Parce qu’ils sont observateurs et voient très bien que chacun est malheureux. Parce que comme on a valeur d’exemple, si les enfants voient que les parents sont plus heureux en étant séparés, il y a des grandes chances que les enfants le soient aussi.
Il n’y a pas forcément de meilleur exemple pour les enfants, que de voir leurs parents faire des choix forts qui les rendent heureux. Et finalement les enfants ne demandent pas mieux que de ressentir cette joie, parce qu’elle est sécurisante également.
Et surtout cela leur montre également que c’est possible, et qu’à leur tour ils peuvent faire des choix en accord avec qui ils sont pour mener une vie épanouissante. Ils n’y arriveront sans doute pas du premier coup, mais ils parcourront ce chemin-là 😊
Références scientifiques
- Hu, Y. (2023). Sensory Processing Sensitivity and Children Development in the Context of Environmental Sensitivity. Journal of Education, Humanities and Social Sciences, 8, 2082-2088.
- Lionetti, F., Aron, E. N., Aron, A., Klein, D. N., & Pluess, M. (2019). Environmental sensitivity in children: Development of the Highly Sensitive Child Scale and identification of sensitivity groups. Development and Psychopathology.
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