
C’est lorsqu’on prend conscience que l’on est une personne hypersensible, qu’on peut commencer à mieux comprendre nos différences et à les appréhender. Le fait même de savoir que ça existe, que la haute sensibilité existe, aide énormément à réaliser que l’on est absolument pas moins bien que les autres.
En réalité on vient de réaliser que l’on est simplement différent de la norme, pas mieux que les autres ni moins bien qu’eux, juste différent. En découvrant qu’on est hypersensible c’est cette sensation de décalage que l’on ressent depuis toujours, que l’on comprend enfin.
Je l’ai vécu de cette façon, et pour avoir lu pas mal de témoignages d’hypersensibles notamment sur les réseaux sociaux, beaucoup l’ont vécu comme ça également.
Être hypersensible, ce n’est pas juste avoir la larme facile devant un film, c’est bien plus que ça. Parce qu’être hypersensible c’est aussi être neuroatypique, c’est à dire avoir une façon de penser et de fonctionner différente des autres.
Mais cette façon de fonctionner différente de la norme, atypique même, n’est pas sans poser quelques soucis. Des obstacles que seuls les hypersensibles connaissent, et le fait de les connaitre et de les comprendre va vous aider à les dépasser.
1 Difficile de gérer des émotions intenses
Je disais qu’être hypersensible, ce n’est pas que le faut de pleurer devant un film ou quelque chose qui nous touche particulièrement, mais il faut reconnaitre que cela fait partie de nous.
C’est très clair qu’en tant qu’hypersensible on vit les émotions de façon très forte et intense. Et quand on se sent triste par exemple, on a parfois que cette sensation est décuplée et et de vivre un véritable désarroi.
Si on ressent de l’agacement, voire de la colère, on pourra parfois la ressentir tellement fort qu’elle nous submergera.
La contre-partie positive que l’on oublie peut-être un peu trop facilement, c’est que l’inverse est vrai. Et quand la joie est là, elle porte en elle cette sensation d’un vie légère et épanouissante. Et c’est un état tellement agréable à ressentir.
Le truc c’est que quand en plus on est empathique, on aura tendance, souvent sans le vouloir, à absorber les émotions des autres. Et évidemment quand l’autre nous envoie du négatif, de la mauvaise humeur et des émotions plutôt sombres, et bien elles arriveront jusqu’à nous.
C’est même le piège qui guette toutes les personnes empathiques, et il est vrai que faire en sorte que cette empathie ne déborde pas trop est quelque chose de difficile.
Parce qu’après tout, les émotions « négatives » que nous envoie l’autre ne nous appartiennent pas, ce sont les siennes, on n’a pas besoin de les prendre sur notre dos. Et puis on a déjà les nôtres, alors autant ne pas se rajouter celle des autres.
L’empathie c’est censé être ça, c’est être en capacité de se mettre à la place de l’autre pour comprendre ce qui lui arriver, et l’accompagner si possible. Ce n’est certainement pas prendre sur nos épaules ses ressentis et ses difficultés, ça cela appartient à chacun.
Et si l’on ne parvient pas à mettre cette distance-là sur nos émotions et celle des autres. A s’arrêter et à prendre ce recul nécessaire, à se reposer et à prendre soin de soi.
Et bien on peut finir par courir le risque de finir totalement débordé par nos émotions, jusqu’à l’épuisement émotionnel. Et étant donné que nos sens sont sur-stimulés, on risque également de finir en surcharge mentale, totalement saturés.
2 Des sens sur-stimulés
Être hypersensible c’est aussi vivre de l’hyperesthésie. En clair cela signifie que l’on peut ressentir une sur-stimulation au niveau d’un ou plusieurs de nos sens.
Cela peut être une sensibilité aux bruits qui nous entourent, jusqu’à ce que cela fasse naitre en nous des émotions inconfortables ou de la fatigue.
Quand je parle de sensibilité sensorielle, c’est vrai que je pense d’emblée à cette sensibilité auditive.
Parce qu’elle touche beaucoup de personnes, et parce que je fais également partie des personnes que le bruit gêne et fatigue. Et il est clair que ça pose des soucis et que ça nécessite quelques adaptations dans notre vie quotidienne, comme le fait de devoir parfois s’en protéger, via un casque anti-bruit par exemple.
Comme le fait également d’avoir besoin de moments de calme, et de repos, sans ces grosses stimulations auditives.
Pour d’autres ce seront les odeurs qui seront particulièrement gênantes au quotidien voire quasiment insupportables.
Lorsqu’on est sensible au niveau visuel, c’est souvent les lumières fortes, les lumières artificielles type néon qui seront gênantes.
D’autres enfin seront sensibles au toucher, par conséquent elles auront parfois du mal avec les contacts tactiles. Mais aussi et surtout elles auront des difficultés au contact de certaines matières textiles notamment.
Beaucoup d’hypersensibles au niveau du toucher, ne supporteront pas les étiquettes sur les vêtements, c’est un grand classique notamment chez les enfants hypersensibles . (Bon il faut dire aussi que l’industrie textile ne nous aide pas en créant parfois des étiquettes de 10, 15 cms de long, à cette taille elles gênent probablement tout le monde, sensibles ou pas 😅)
Et ce qui rend l’hyperesthésie encore un peu plus difficile, c’est lorsqu’on cumule plusieurs sens en sur-stimulation. Et ça lorsqu’on discute avec d’autres hypersensibles, on se rend compte que c’est un phénomène courant
Sans raconter ma vie parce que c’est pas plus intéressant que ça, c’est mon cas. L’hypersensibilité au bruit est de loin celle qui est la plus présente, mais j’ai également des difficultés avec les lumières fortes et j’ai beaucoup de mal avec plein d’odeurs.
Et je sais qu’il y a pas mal d’hypersensibles qui ont également plusieurs sens « au taquet », souvent à des degrés plus ou moins importants.
Le fait qu’on parle de l’hyperesthésie dans cet article est peut-être une bonne occasion d’identifier quels sont les stimulations sensorielles les plus fortes pour vous. Et de voir de quelle façon vous pourriez faire en sorte qu’elles pèsent moins sur votre vie, qu’elles vous fatiguent moins.
Au delà des aspects qu’on vient de voir, ce qui peut gêner également pas mal les hypersensibles, c’est le fait de penser beaucoup.
3 Des pensées ressassées parfois jusqu’à l’anxiété
Les émotions intenses que nous vivez, les stimulations aussi, font que nous pouvons être comme envahis de pensées. De pensées sur tout ou n’importe quoi, ou parfois quand un sujet nous tient à coeur la difficulté de passer à autre chose.
Cette chose qui nous préoccupe, frustre ou agace, peut devenir comme une espèce d’obsession. Il n’est pas rare que l’on retourne cette chose dans tous les sens, qu’on l’analyse, la sur-analyse, qu’on fasse plein de prédictions sur la façon dont ça va se passer dans l’avenir.
Et le problème de ces prédictions, de ces suppositions sont qu’elles sont très souvent négatives. On peut être parti tellement loin dans nos pensées, qu’on commence à se faire des films sur ce qui va se passer, et souvent ce sont des films catastrophe.
Lorsqu’on ne parvient pas à calmer un peu ses pensées intenses, elles peuvent rapidement déboucher sur de l‘anxiété. Dans ce cas, on aura beau nous dire de lâcher-prise, sans nous expliquer ce que c’est ni comment faire, on n’y parviendra pas.
On y parviendra qu’à partir du moment où l’on fait une pause, où l’on s’arrête.
A partir du moment où on se reconcentre sur sa respiration, c’est à partir de ce moment-là que les émotions et pensées se calment un peu, et qu’on peut commencer à s’en détacher. La méditation de pleine conscience et la cohérence cardiaque aident beaucoup à ça, mais finalement n’importe quelle activité calme que vous aimez faire peut avoir ce même effet.
Le plus important c’est de s’arrêter, parce que c’est ce qui permet de calmer ce gros flux d’émotions et d’émotions qui mènent à l’anxiété. Ce qu’il faut dire également c’est que tous les aspects que l’on a vu jusqu’à présent, provoquent de la fatigue chez les hypersensibles.
4 Devoir faire en fonction de la fatigue
Pour toutes les raisons qu’on vient d’évoquer dans cet article, et sans doute quelques autres en plus, les hypersensibles se fatiguent beaucoup plus que les autres.
A tel point que sur des journées éprouvantes, on peut se mettre à ressentir cette fatigue dès le matin. Quand ça se passe de cette façon, on sait qu’on va trouver la journée longue.
Il faut ajouter à cela, la problématique du manque de sommeil, qui vient décupler cette sensation de fatigue. Surtout cette fatigue peut rapidement devenir un cercle vicieux.
Quand on se sent déjà fatigué(e), les stimulations sensorielles pourront nous sembler bien plus compliqués à supporter. On se sentira encore davantage à fleur de peau que d’habitude et les pensées et l’anxiété pourraient également prendre plus de place. Au final tout ça vient alimenter cette fatigue, et notre besoin de repos.
C’est pour cela que faire en sorte de retrouver un meilleur sommeil est quelque chose d’essentiel pour essayer de casser ce cycle de fatigue.
En tant qu’hypersensible on a donc davantage besoin de se reposer que les autres, et au delà du repos on a besoin d’avoir du temps pour soi. Ou plus exactement d’avoir du temps pour prendre soin de soi en faisant des activités, des choses que l’on aime et qui nous « remplissent ».
Cela peut être des activités artistiques, mais aussi lecture ou balade ou toute autre activité qui est susceptible de vous faire du bien. Et puis pour les personnalités davantage introverties il y a aussi un besoin simplement de se retrouver seul(e) afin de recharger ses batteries.
Ce besoin de repos et de calme, est quelque chose qui n’est pas forcément compris par les autres. Quelqu’un qui n’est pas hypersensible, et qui serait même plutôt extraverti, aurait lui besoin du contact des autres pour retrouver à l’énergie.
Et c’est parce que c’est différent du fonctionnement de beaucoup de personnes, que ça demande parfois à être expliqué. On n’a pas à ressentir de honte par rapport à cette fatigue, et ce besoin de calme, cela fait partie de notre fonctionnement.
5 Se prendre pour un sauveur
Beaucoup de personnes hypersensibles sont également empathiques voire même altruistes. Elles sont ce besoin de voir que les autres ne se trouvent dans des situations inconfortables, voire même sont heureux(ses).
Parfois ce qui se joue c’est même une espèce de syndrome de sauveur.
Le syndrome du sauveur c’est ce besoin quasi-irrépressible de sauver l’autre, de faire en sorte qu’il soit guéri, soigné. Parfois même sans que l’autre ne vous ait demandé quoi que ce soit.
Dans ce cas, on se retrouve clairement à faire passer les besoins des autres avant les siens. En se sur-adaptant à l’autre et ses besoins, on peut finir par totalement s’oublier.
Quand ce phénomène se produit de façon répétée, c’est probablement le signe d’une faible estime de soi. Car dans ce cas, on pense à tort que l’on doit faire ça pour mériter d’être aimé.
Alors qu’en réalité on a de la valeur par nous-même, et nous méritons d’être aimé simplement pour ce que nous sommes. Nous avons de la valeur et cette valeur est « suffisante ».
En prenant le rôle du sauveur, et l’autre de la victime on rentre dans ce que l’on appelle le « triangle dramatique » ou triangle de Karpman. Dans le cadre amoureux ou amical ce mode de fonctionnement n’est pas sain, puisqu’il est forcément déséquilibré et créer des dynamiques de rapport de force entre les deux personnes.

D’ailleurs la personne qui prend la place de la « victime » n’est bien souvent en capacité de donner autant que ce qu’elle recevra, ce qui peut créer de la rancœur.
Mais même sans aller jusqu’au syndrome du sauveur, beaucoup d’hypersensibles partagent ce sentiment de davantage donner que recevoir. Ce qui peut créer des difficultés en matière de relations amicales ou amoureuses.
Cela va sans doute demander d’entreprendre un vrai travail sur soi, pour se dire que l’on a de la valeur et qu’on mérite d’être aimé. Pour comprendre quels sont nos besoins et qu’on doit les faire passer avant ceux des autres, simplement pour pouvoir nouer de meilleures relations avec eux.
6 Difficulté à poser des limites
Pour une personne hypersensible qui est particulièrement tourné vers les autres et par le fait de leur « faire plaisir », voire même les guérir ou les sauver (comme évoqué dans le chapitre précédent). Alors logiquement, il sera parfois voire souvent difficile de poser des limites et arriver à dire non.
Et c’est ce qui pose souci lorsqu’on fait passer les besoins des autres avant les siens, au final on ne s’écoute plus vraiment. Et il est vrai qu’en s’adaptant de façon excessive à l’autre, on n’est plus du tout à l’écoute de soi et de ses propres besoins.
Puisque les limites ne sont pas clairement posés, l’autre se permet (volontairement ou non) de prendre en vous tout ce qu’il pourrait nourrir ses propres besoins. D’où l’importance de parvenir à connaitre vos propres besoins et à parvenir à les affirmer, afin que chacun puisse respecter l’espace de l’autre.
Lorsqu’on n’en a pas l’habitude, que l’on n’a jamais vraiment fait ça et que l’on n’a jamais appris à le faire, cela demande un vrai apprentissage. Mais petit à petit à force de le faire, on comprend que dire « non » à l’autre c’est avant tout se dire « oui » à soi.
Et les personnes qui vous aiment et vous respectent, sauront respecter votre refus pour ce qu’il est. C’est à dire une décision qui est faite avant tout pour vous, et pas contre.
En revanche ce qui peut se produire, c’est que des personnes à qui vous fixez à présent des limites, ne les acceptent pas. Ils vous diront que « vous avez changé », parce qu’en réalité la situation ne leur est plus autant favorable que ce qu’elle était auparavant.
Quand on s’affirme, c’est souvent le moment où un tri se fait naturel, et où certaines personnes vont s’éloigner. Ce qui au final est une bonne chose sur le long terme, car cela laisse la place que rentrent dans votre vie, des personnes qui sont plus en phase avec vous qui vous correspondent davantage.
Ce qui peut ne pas être évident, c’est finalement cet espace entre-deux où il est possible que l’on ressent davantage de solitude. Mais l’adage « mieux vaut être seul(e) que mal accompagné(e) » est une réalité qui se vérifie dans la vraie vie.
7 Tellement différent qu’on peut se sentir incompris
Beaucoup d’hypersensibles se sentent particulièrement touchés par tout ce qui leur arrive, au point qu’il est très souvent difficile pour nous de parvenir à lâcher-prise, parce que justement on prend les choses très à cœur, trop à cœur.
D’ailleurs certaines personnes vous l’ont peut-être déjà dit, que « tu en fais trop », que « tu exagères ». Et il faut bien dire que pour une personne hypersensible, il est très difficile de « faire avec », de s’accommoder de quelque chose qui ne correspond pas à ce en quoi elle croit.
Parce que justement on porte nos valeurs bien chevillées au corps et on pense qu’elles doivent être défendues. Et la première d’entre-elles c’est souvent la justice, c’est donc pour cela que nous réagissons vivement à ce que nous vivons comme des injustices.
Et même quand les circonstances et les éventuelles représailles nous obligent à nous taire, c’est pas pour autant que nous allons bien vivre la situation. Au contraire, on va la ressasser pendant un bon moment.
C’est peut-être là qu’est la différence entre les personnes neuro-atypiques et les autres, c’est cette difficulté à lâcher-prise, à passer outre. Accepter que tout n’est pas de notre ressort et qu’on ne peut pas tout contrôler.
Suivant notre personnalité, on peut également avoir une certaine difficulté par rapport aux changements. Ces changements qui peuvent faire peur, causer de l’anxiété mais dont on aurait parfois besoin pour aller mieux dans sa vie.
Il faut dire que parfois l’absence de changement et le fait de savoir que les choses resteront semblables sont aussi un élément qui vient nous sécuriser. Néanmoins lorsqu’on se retrouve dans des contextes professionnel ou personnels qui nous lassent ou nous ennuient parfois, ou qui ne nous rendent pas heureux.
Alors dans ces contextes-là, le changement est forcément salutaire.
Même s’il est parfois difficile de passer à l’acte, parce que le changement fait peur, parce qu’on a parfois des blocages qui nous poussent à procrastiner, on le fait.
Petit à petit on pose les bases d’un futur changement sans avoir besoin d’attendre que ça soit parfait.
8 Souvent trop dur(e) envers lui-même
Qu’on le veuille ou non, la vie en elle-même est remplie de changements et d’évolutions. Si vous commencez à avancer en âge, vous avez sans doute remarqué que dans la vie, les choses se produisent rarement telles qu’on les avait prévues à la base.
C’est pour cela que se raccrocher à ce que les choses ne changent pas, et restent immuables et inchangés a tout d’une illusion. Et qu’il est parfois pas évident d’accepter que l’on ne contrôle pas tout.
Parce que cela demande à renoncer à un trait de personnalité que partagent beaucoup d’hypersensibles : le perfectionnisme. Oui on ne fera pas tout parfaitement, et en réalité c’est très bien comme ça.
On n’a pas à se blâmer, à en avoir honte ou même à se sentir coupable, personne ne réussit tout au premier coup.
On évolue dans une société qui a une tendance à dramatiser les échecs, alors qu’ils sont bien souvent le départ de nouvelles tentatives, de futurs changements qui seront sans doute meilleurs.
Une fois passée la déception que l’on peut ressentir, essayons de nous amener de la douceur et de l’auto-compassion, plutôt que de l’auto-critique. C’est ce qui nous permettra de faire mieux la prochaine fois, parce qu’après tout la perfection n’existe pas.
Rien ne nous empêche donc de nous accorder, la même douceur que nous donnerions à un proche dans une situation similaire.
Parfois même nous avons si peu confiance en nos capacités, que nous sommes atteints du syndrome de l’imposteur. Alors que le fond du problème c’est de douter autant de nos capacités, parce qu’on place la barre bien trop haute.
En tant qu’hypersensible, on va mieux lorsqu’on a fait le deuil de cette supposée perfection et de la culpabilité qui en découle. Quand on se donne de la douceur, on ne se caresse pas dans le sens du poil. On prend conscience que l’on a simplement à continuer de faire de notre mieux et progresser à notre rythme.
🦥Le paresseux voudrait vous dire un petit mot (rien d'obligatoire)
Si cet article vous a aidé, vous pouvez soutenir notre travail en nous offrant un café (virtuel)☕ de 2 € ou du montant de votre choix, ça nous encourage pour continuer à créer du contenu gratuit et de qualité, merci ❤️
Je participe !



